Sous-commission clinique de la commission fédérale sur les questions liées au SIDA: Mise à jour sur les expositions au VIH en milieu médical: Mesures générales, chimio-prophylaxie, déclaration


(Bulletin de l'Office fédéral de la santé publique 1997; 7:5-12; 24. 2. 1997)


1. Introduction

Bien que faible, le risque d'acquérir le virus VIH existe pour le personnel de santé pouvant entrer en contact avec du sang ou des liquides biologiques d'un patient VIH positif.
A fin 1995, 223 acquisitions VIH, d'origine professionnelle probable, ont été recensées chez des professionnels de la santé dans le monde. Dans 79 de ces cas, une séroconversion a été documentée par des sérologies sériées. Dans les autres cas, une séropositivité a été diagnostiquée après une exposition professionnelle probable, alors qu'aucun autre facteur de risque n'était présent (1).
La majorité de ces cas d'infections professionnelles sont survenues lors de blessures par des aiguilles ou des objets tranchants ou dans de rares cas lors d'expositions de muqueuse ou de peau non intacte à du sang. Ces données ne comprennent que les cas déclarés et documentés avec précision et sous-estiment certainement la réalité (2). Des études prospectives, effectuées dans divers pays et regroupant plus de 6'000 patients, ont permis d'estimer que le risque d'acquérir le virus VIH est d'environ 0,3% après une exposition percutanée à du sang VIH positif (1). Le risque après l'exposition d'une muqueuse est estimée à 0,03% : dans un collectif de 2'885 personnes ayant subi une telle exposition, une seule séroconversion a été documentée. Bien que ces données indiquent que le risque d'une acquisition professionnelle est faible, les conséquences d'une telle infection sont dramatiques. En l'absence d'un vaccin, les efforts doivent porter avant tout sur la prévention primaire de l'exposition au VIH.


1.1 Situation en Suisse

Depuis janvier 1989, l'Office Fédéral de la Santé Publique a invité tous les établissements sanitaires à déclarer, à l'aide d'un questionnaire, toutes les expositions professionnelles au virus VIH et a recommandé d'effectuer des examens sérologiques VIH à 0, 3 et 6 mois chez les personnes exposées. Les résultats ont été rassemblés à l'hôpital cantonal universitaire de Zürich pour la Suisse allemande et au Centre hospitalier universitaire vaudois pour la Suisse romande et le Tessin. Au 31 décembre 1995 (compte tenu de 42 cas rassemblés avant 1989), 567 expositions au virus VIH ont été déclarées dont 335 blessures et 216 expositions muco-cutanées (dans les questionnaires restants, les données manquent). Dans les cas d'expositions percutanées, du sang était incriminé dans 58% de cas et un autre liquide biologique dans 13%. Dans les autres cas (29%), il n'y a pas de précision disponible. Un suivi sérologique VIH à 0, 3 mois ou plus a été effectué chez 256 personnes avec blessures et chez 118 personnes avec un autre type d'exposition. Jusqu'ici, 2 cas d'infection VIH acquise en milieu professionnel ont été enregistrés en Suisse. Le premier a été décrit en mars 1995 (3) : En jetant une aiguille dans un container approprié, une infirmière s'est blessée avec une autre aiguille. Un patient atteint de SIDA se trouvait dans la même division à la même période. A posteriori, il a été établi que l'aiguille cause de l'infection VIH provenait de ce patient. Trois mois plus tard, une séroconversion a été documentée. Dans un deuxième cas, une séroconversion VIH s'est produite chez une infirmière suite à une blessure avec une aiguille. L'infirmière venait d'utiliser cette aiguille pour une injection chez un patient au stade terminal d'une infection VIH.



2. Prévention primaire

Le principe de la prévention primaire de l'infection VIH et des autres agents transmis par le sang repose sur l'application systématique de mesures visant à éviter tout contact avec du sang ou des liquides biologiques et ceci quel que soit le status sérologique du patient (précautions standards). Ces mesures ont été décrites en détail (brochure SUVA (4)).
En résumé, ces recommandations insistent tout d'abord sur la nécessité de prendre toutes les précautions nécessaires pour éviter de blesser autrui accidentellement avec des aiguilles ou des objets tranchants contaminés. Il est recommandé d'éviter toute manipulation avec des aiguilles usagées, en particulier le recapuchonnage (re-capping). En outre, il faudrait disposer de récipients adéquats et facilement accessibles, pour pouvoir y déposer les objets piquants et tranchants usagés. Par ailleurs, différents systèmes de sécurité ont été développés tels que (par exemple) des aiguilles pourvues d'un manchon les recouvrant automatiquement après usage. La fiabilité de ce système n'est toutefois pas encore établie. Il est également recommandé de porter des gants (et éventuellement des lunettes, un masque ou une blouse de protection) dans toutes les situations où l'on peut prévoir un contact (ou des projections avec du sang ou des liquides biologiques). Il faut rappeler l'importance d'une vaccination complète contre le virus de l'hépatite B. Les établissements hospitaliers sont responsables de la diffusion et de la mise à disposition des moyens de prévention.



3. Mesures à prendre après blessures ou autres expositions à des liquides biologiques potientiellement infectieux


3.1 Définition

Sont considérées comme expositions significatives à du sang ou à des liquides biologiques potentiellement infectieux les situations suivantes:

  1. Blessures avec du matériel contaminé avec du sang ou des liquides biologiques. Selon le tableau 1 , les facteurs de risque sont les suivants:
    1. Blessures profondes
    2. Sang visible sur l'objet impliqué dans la blessure
    3. Objet incriminé placé dans un vaisseau sanguin (artériel ou veineux) du patient source
    4. Patient source au stade terminal.
  2. Exposition d'une muqueuse ou d'une peau lésée à du sang ou à des liquides biologiques macroscopiquement contaminés avec du sang.
  3. Exposition à des suspensions concentrées de virus.


Bien que les lésions cutanées invisibles puissent théoriquement constituer une porte d'entrée possible, les contacts de sang ou de liquides biologiques avec une peau apparemment saine ne devraient pas êtres considérés comme une exposition significative, à moins d'un contact massif ou prolongé (plusieurs minutes). Un lavage et une désinfection immédiats sont néanmoins recommandés. Bien que certains virus (dont le VIH) soient rapidement inactivés à l'air libre (5, 6), tout le matériel contaminé en milieu médical sera considéré comme potentiellement infectieux, à moins qu'il ne se soit écoulé un long délai (supérieur à quelques heures) entre la contamination de l'objet et l'exposition.


3.2 Mesures d'urgence


3.3 Mesures applicables au VIH
(pour les hépatites, voir la brochure de la SUVA : Prévention des infections transmissibles par le sang en milieu professionnel titre définitif à voir avec la SUVA, traduction en cours (4)).

Les mesures ultérieures vont dépendre du risque relatif de transmission du virus VIH qui sont résumées dans la figure 1. En cas d'accident, deux points doivent être immédiatement clarifiés:

  1. Le patient source a-t-il une infection VIH documentée ou potentielle, et, si oui à quel stade est-il ?
  2. S'agit-il d'une exposition significative, c'est-à-dire y a-t-il, sur la base du type d'exposition, un risque de transmission du VIH ?

Pour l'interprétation de ces premiers points, le délai entre l'exposition et l'introduction du traitement joue un rôle décisif. En effet, une prophylaxie antirétrovirale, si elle est nécessaire, doit être débutée aussi vite que possible. C'est simple lorsque le diagnostic d'une infection VIH est connu. Cependant, ce n'est souvent pas le cas. Dans cette situation, le risque d'infection VIH chez un patient est estimé sur la base des données anamnestiques, du type et du lieu de l'institution et d'autres critères. Cela ne permet pas toujours d'exclure clairement une infection VIH. De toute façon, dans les études où sont pratiqués des tests systématiques chez des patients hospitalisés, une infection VIH est rarement découverte, si elle n'était pas déjà connue auparavant. De plus, le risque de transmission est moindre en cas d'infection VIH asymptomatique. Un patient au stade terminal de sa maladie représente un risque plus important en relation avec une charge virale élevée. En cas de doute, une prophylaxie doit être initiée et une sérologie VIH pratiquée dans le même temps chez le patient source (chapitre 3.4.). Si le résultat s'avère négatif, le traitement prophylactique peut être interrompu. Cela implique une sérologie VIH rapidement disponible.
Le type d'exposition influence de façon décisive le risque de transmission. Les facteurs de risque sont résumés dans le tableau 1. L'estimation du risque individuel peut servir pour décider de l'indication d'un traitement. En cas de doute, un tel traitement doit être recommandé sur la base des effets prouvés de la prophylaxie et des conséquences graves d'une telle infection.
Comme un traitement prophylactique doit être commencé dès que possible, le personnel soignant exposé doit pouvoir consulter immédiatement un médecin compétent, connaissant les mesures nécessaires à prendre et à introduire. Chaque institution doit définir et faire connaître les démarches à suivre en cas d'exposition. Le médecin répondant devrait fixer lors d'entretiens avec les personnes concernées (patient source et employé) les mesures qu'il convient d'engager pour déterminer s'il y a eu effectivement une exposition au virus VIH, en identifiant le type d'exposition, l'objet à l'origine de la blessure, la gravité de l'exposition, puis décider des mesures éventuelles à adopter (mesures visant à prévenir d'autres accidents, mesures thérapeutiques et prophylactiques). Des tests sérologiques chez le patient source et l'employé ne doivent être effectués que s'il y a eu effectivement une exposition VIH potentielle significative. Le coût de ces investigations ne doit être à la charge ni du patient source ni de l'employé.
Le médecin répondant devrait pouvoir donner des informations concernant le risque d'acquisition du virus VIH et de transmission pendant la phase d'incubation (grossesse, partenaires sexuels, dons de sang, allaitement) ainsi que sur les symptômes en cas d'une éventuelle primo-infection VIH. Il devrait être à même de conseiller de manière optimale sur l'opportunité d'une prophylaxie antivirale. En plus des soins d'urgence, le médecin répondant doit assurer la prise en charge ultérieure de l'employé. Les médicaments recommandés pour la prophylaxie doivent être disponibles dans tous les établissements accueillant des patients VIH positifs afin qu'un traitement puisse être rapidement débuté. Comme tout accident professionnel, les cas d'expositions effectives ou potentielles au virus VIH doivent faire l'objet d'une déclaration (loi concernant les accidents professionnels et non professionnels). De plus , les cas d'expositions effectives ou possibles aux virus HIV, HBV, HCV devraient être annoncées à l'aide du questionnaire ad hoc aux Centres de référence désignés par l'Office fédéral de la Santé publique (Romandie et Tessin : CHUV, Prof. P. Francioli, Division autonome de médecine préventive hospitalière, 1011 Lausanne, Tél. 021/314 02 52; Suisse-allemande et Grisons : Universitätsspital Zürich, Dr J. Jost, Abteilung Infektionskrankheiten und Spitalhygiene, Rämistrasse 100, 8091 Zürich, Tél. 01/255 33 22). Il ne faudrait pas annoncer les expositions sans risques réels, comme par exemple celles où les patients sources ne présentent pas d'arguments sérologiques ou anamnestiques pour une maladie transmissible par le sang. Il faudrait, par contre, déclarer tous les cas pour lesquels un traitement antiviral est introduit. A cette occasion, la confidentialité des données doit être garanties. gewährleisten.


3.4 Sérologies HIV

Fréquemment, le status sérologique VIH du patient source n'est pas connu d'emblée lors de l'accident. Comme un traitement antiviral doit être commencé rapidement après une exposition significative, il doit parfois être instauré avant que le status sérologique du pa-tient source soit connu. Idéalement, après une exposition, le médecin répondant (par exemple le médecin de division) devrait discuter avec le patient source et juger de la vrai-semblance d'une infection HIV chez ce dernier sur la base des données anamnestiques et de résultats disponibles. Il devrait demander la pratique d'un test HIV avec son consen-tement. En l'occurence, l'analyse doit être pratiquée en urgence en-dehors de la routine, de telle sorte que le résultat soit disponible avant que la personne exposée prenne la deuxième dose du traitement antiviral.
Si le patient source refuse une sérologie VIH, ce qui survient rarement, le traitement anti-viral doit cependant être poursuivi, le cas échéant, par crainte d'une infection VIH. Si le cas d'un patient inconscient se présente, comme par exemple lors d'une intervention chirurgicale ou en cas d'urgence, une sérologie VIH sera pratiquée immédiatement, sans son consentement. Le patient sera informé plus tard du test et de son résultat.
Chaque institution élaborera les recommandations qui réglementeront les démarches à suivre après une exposition, de même que le déroulement du test VIH chez le patient source.



4. Chimioprophylaxie

Divers médicaments agissant à des stades différents du cycle de la réplication virale inhibent la réplication du VIH. Trois catégories de substances sont à disposition :
1. les inhibiteurs nucléosidiques de la reverse transcriptase (NRTI) (AZT, ddI, ddC, d4T 3TC),
2. les inhibiteurs non nucléosidiques de la reverse transcriptase (NNRTI) (nevirapine, delavirdine),
3. les inhibiteurs des protéases virales (saquinavir, ritonavir, indinavir).
Les combinaisons sont particulièrement efficaces, comme par exemple AZT + 3TC et indinavir.


4.1 Efficacité expérimentale

Lors de la précédente version de ces recommandations (7), un résumé des données expérimentales avait été donné. Les résultats des expériences faites dans différents modèles montraient qu'une protection complète contre l'infection VIH grâce à l'introduction rapide d'un traitement après l'inoculation n'était que rarement possible. Dans tous ces cas d'expérimentation animale, il provoque une diminution de la charge virale et une primo-infection moins sévère. De même, on conclut que l'efficacité d'une prophylaxie antivirale dépend de la dose du traitement prescrit et du temps écoulé entre l'inoculation et le début de la prophylaxie.
Dans les modèles animaux, aucune efficacité n'a pu être mise en évidence si un traitement prophylactique est introduit au-delà d'un délai de 24 à 36 heures. Aucune donnée n'est disponible pour l'instant chez l'homme.


4.2 Prophylaxie chez l'homme

En l'absence de toute étude prospective contrôlée dont les données prouvent l'efficacité d'une chimioprophylaxie antivirale postexpositionnelle, seule l'analyse rétrospective des données disponibles peut être utilisée. D'une part, il existe quelques cas de personnes qui n'ont pas répondu à un traitement prophylactique d'AZT. Dans un de ces cas, il s'agissait d'un virus phénotypiquement résistant à l'AZT, ce qui dans le futur devrait devenir plus fréquent. D'autre part, une analyse rétrospective cas contrôles au sein du personnel soignant ayant subi des expositions percutanées accidentelles au HIV a montré qu'une prophylaxie d'AZT diminue de 80% le risque de séroconversion (9,10).
Il existe d'autres facteurs qui augmentent le risque de séroconversion. Dans une étude ont été inclus 31 cas et 679 cas contrôles qui avaient eu une exposition percutanée au VIH. 74% des cas et des contrôles ont été inclus entre 1990 et 1994, durant une période où il était devenu usuel de prescrire une prophylaxie. Dans 80% des cas et dans 79% des contrôles, une prophylaxie conforme a été offerte. Dans 9 cas (29%) et dans 247 cas contrôles (36%) une prophylaxie a été prise. Au moyen d'une analyse multivariée, les facteurs de risque suivants ont été identifiés pour une séroconversion:
Aus Selon les données de la tableau 1, les conclusions suivantes peuvent être tirées : une charge infectieuse élevée augmente le risque de transmission, soit par l'intermédiaire de la quantité de sang infecté ou de la concentration de particules infectieuses dans le sang. Le taux de séroconversion de 0,3% observé dans les différentes études est une valeur moyenne. Si aucun facteur de risque n'est présent, le risque infectieux est inférieur et inversement.
Dans l'analyse multivariée des données, l'effet de l'AZT est beaucoup plus haut (80%) que dans l'analyse univariée où la réduction n'est que de 30%. Cette différence est due au fait que, dans cette étude, les personnes exposées procédaient elle-même à une évaluation du risque, et étaient plus disponibles à prendre une prophylaxie d'AZT si des facteurs de risque étaient présents.
Ces données rendent compréhensible l'effet modéré des chimiothérapies dans les études animales. L'inoculum lors de ces expositions professionnelles est considérablement plus petit que lors d'expériences animales. L'inoculum conduit à une séroconversion chez 50% de animaux infectés. C'est un phénomène connu que l'efficacité d'une prophylaxie corrèle inversement avec la taille de l'inoculum. Ainsi, il est plausible que l'AZT protège en cas de petit inoculum, mais non pas lors de quantité plus importante.
Sur la base de l'expérience acquise avec les traitements antiviraux chez les patients VIH positifs, il est supposé qu'un traitement combiné peut avoir un effet nettement supérieur en cas d'inoculum important.


4.3 Médicaments pour la prophylaxie

Depuis les dernières recommandations concernant la chimioprophylaxie après une exposition VIH en milieu professionnel (7), diverses connaissances ont été acquises:

De plus, des données expérimentales et cliniques montrent que l'association d'AZT et de 3TC a une activité antivirale supérieure à l'AZT seul. Toutefois, cela n'augmente pas de manière significative les effets secondaires. L'adjonction d'une antiprotéase augmente l'effet antiviral. Parmi les inhibiteurs de la protéase disponibles, l'indinavir est plus puissant que le saquinavir (aux doses recommandées) et a moins d'effets secondaires que le ritonavir.


4.4 Indication à une chimioprophylaxie après exposition professionnelle

Au vu de ces éléments, suite à une exposition significative au virus VIH, la Sous-commission clinique recommande :

1. Un traitement prophylactique est recommandé pour :


2. Une prophylaxie sera offerte pour:

3. Une prophylaxie n'est pas recommandée :

Il est essentiel que les bénéfices ainsi que les risques potentiels (effets secondaires) d'une chimioprophylaxie soient discutés en détail avec chaque personne exposée. Etant donné l'importante surcharge émotionnelle qui entoure une exposition au VIH, il est capital qu'un lien de confiance s'établisse pour la suite. Il serait également souhaitable que ces personnes disposent d'une information écrite.


4.5 Administration

Il n'existe pas de donnée précise quant à la dose et la durée d'administration. Par analogie à l'administration thérapeutique, la Sous-commission clinique recommande une dose quotidienne de 2 x 250 mg d'AZT (certains recommandent une dose de charge de 500 mg). Le 3TC sera prescrit à raison de 2 x 150 mg et l'indinavir de 3 x 800 mg/j. La durée préconisée est de 2 semaines au minimum à 4 semaines au maximum. En tout état de cause, aucun expert ne recommande d'aller au-delà de 4 semaines.


4.6 Toxicité

Administré à des patients VIH positifs, l'AZT entraîne fréquemment en quelques semaines une anémie et une neutropénie. Il existe également d'autres effets secondaires, tels que fatigue, céphalées, fièvre, paresthésies, myalgies, myosite, nausées, vomissements, insomnies et hépatite. Administré prophylactiquement à des personnes en bonne santé, des plaintes subjectives, tels que syndrome grippal, fatigue prononcée, nausées, céphalées ou insomnies sont souvent observées. Une anémie importante peut se développer (13). Les effets secondaires d'un traitement à court terme par l'AZT sont réversibles.
Chez des femmes enceintes VIH positives, un traitement d'AZT est prescrit comme prophylaxie contre une infection VIH chez leur nouveau-né, sans entraîner de préjudices pour eux.
En général, le 3TC est bien supporté, y compris en association. Comme effets secondaires subjectifs, on relève chez les patients VIH positifs des nausées, des diarrhées et des céphalées. Des cas de neutropénie ont été observés. Aucun effet négatif, n'a été relevé chez des familles d'animaux porteurs. Il n'y a pas de donnée disponible chez les femmes enceintes. Ainsi, du 3TC ne devrait être prescrit chez des femmes potentiellement enceintes qu'après en avoir pesé les risques. Durant une thérapie antivirale, un traitement contraceptif devrait être pris. De même qu'un traitement antiviral sera poursuivi chez une femme en âge d'enfanter, une contraception devrait être poursuivie, de préférence avec des préservatifs chez toutes les personnes éligibles pour l'administration prophylactique d'AZT et de 3TC étant donné qu'elles sont considérées à risque de contracter un infection VIH et qu'elles pourraient donc la transmettre à leur partenaire sexuel.

De façon générale, l'indinavir est bien supporté par les patients VIH positifs. L'expérience acquise chez les personnes VIH négatives manque. Les effets secondaires consistent essentiellement en nausées, céphalées, diarrhées, fatigue et altérations du goût. Comme anomalies des tests de laboratoire, on peut constater une élévation des tests hépatiques (transaminases, bilirubine) et une protéinurie. Seul 1% des patients doivent interrompre leur traitement en raison des effets secondaires. Une néphrolithiase survient dans environ 4% des cas, toutefois sans préjudices sur la fonction rénale. Les patients sous indinavir devraient avoir un apport hydrique suffisant, soit plus d'un 1,5 litre/jour, pour éviter le développement de lithiases rénales. Lors d'essais chez des familles d'animaux porteurs, aucun effet néfaste important n'a été observé. Pour les femmes, des études contrôles manquent. C'est pourquoi la prescription d'indinavir chez des employées potentiellement enceintes ne devrait se faire qu'après avoir considéré tous les risques. Durant ce traitement, une contraception devrait être considérée.

La toxicité à long terme des thérapies combinées recommandées chez les personnes VIH négatives n'est pas connue. Comme la grande majorité des expositions n'aboutissent pas à une infection VIH, il faut tenir compte de la toxicité potentielle lors de l'introduction d'un traitement antiviral. Si la survenue d'effets secondaires nécessitait des modifications de dosages ou le choix d'un autre antiviral, il serait judicieux de consulter un expert dans les traitement antiviraux et les risques de transmission VIH. Tous les cas pour lesquels une thérapie antivirale a été introduite devraient être annoncés aux Centres de référence au moyen du questionnaire ad hoc. Y seront aussi précisés les effets secondaires et les me-sures entreprises. Cela permettra une meilleure appréciation sur la façon dont ces traite-ments sont supportés.


4.7 Contrôles

Au moment d'initier le traitement, on pratiquera les examens suivants : formule sanguine complète , ALAT et créatinine. En cas d'anomalies, l'opportunité de poursuivre le traitement prophylactique devra être revue. Les mêmes examens seront répétés deux semaines après l'introduction du traitement et à sa fin.


4.8 Sérologie

Un contrôle sérologique à 0, 3, 6 et 9 mois est nécessaire. En général une séroconversion survient dans les 3 mois, cependant il est envisageable qu'elle puisse être retardée en raison du traitement prophylactique. Une sérologie doit être pratiquée devant toute suspicion clinique de séroconversion. Au besoin, elle sera complétée par d'autres investigations. Dans tous ces cas, une discussion avec les Centres de référence paraît judicieuse.


4.9 Divers

Le coût des traitements antiviraux (AZT, 3TC, indinavir) et des examens de contrôle ne doit pas être à la charge de l'employé mais de l'assurance accident. De même, toute exposition professionnelle devrait être déclarée comme accident à l'assurance compétente. Chaque institution qui traite et a la charge de patients VIH positifs devrait avoir de l'AZT, du 3TC et de l'Indinavir disponibles pour pouvoir commencer un traitement prophylactique sans délai.


4.10 Exposition potentielle en-dehors du milieu médical

Les expositions accidentelles en-dehors du milieu médical ne représentent en général pas une exposition significative. Les recommandations de la prophylaxie antirétrovirale ne s'appliquent pas à de telles situations et chaque cas devra être évalué individuellement. Les personnes exposées en-dehors du milieu médical doivent s'annoncer, en cas de doute, au service d'urgence médical de l'hôpital le plus proche.


Information

Auteurs principaux : J. Jost, A. Iten, P. Meylan, C. Colombo, A. Maziérik


Centre de référence pour les infections transmissibles en milieu professionnel

  • Für die Deutsche Schweiz und Graubünden:
    Dr. J. Jost, C. Colombo, Abteilung Infektionskrankheiten und Spitalhygiene, Departement für Innere Medizin, Universitätsspital, 8091 Zürich, Tel 01 255 33 22, Fax 01 255 44 99, e-mail infjoj@usz.unizh.ch

  • Pour la Suisse romande et le Tessin :
    Prof. P. Francioli, Frau Dr. A. Iten, Frau A. Maziérik, Division autonome de médedin préventive hospitalier universitaire vaudois, 1011 Lausanne, Tel 021 314 53 58, Fax 021 314 53 58, e-mail patrick.francioli@chuv.hospvd.ch




  • Littérature

    1. Porter K, Heptonstall J.G.: Occupational Transmission of HIV. Summary of published reports to December 1995. Version 12/95 (unpublished. document; copy available from PHLD Aids Centre at CDSC. London)
    2. Beekmann S.I., Fahey B.J., Gerberding J.L., et al.: Risky Business: Using Necessarily Imprecise Casualty Counts to Estimate Occupational Risks for HIV-1 Infection. Infect Control Hosp Epidemiol 1990; 11:371.
    3. Berufsbedingte HIV-Infektion - Erster Fall in der Schweiz. BAG-Bulletin 1995; Nr. 8: 4
    4. Verhütung blutübertragbarer Infektionen im Gesundheitswesen. SUVA Arbeitsmedizin Broschüre 1996; No. 2869/30.d
    5. Centers for Disease Control: Recommendations for prevention of HIV transmission in health-care settings. MMWR 1995; 44:929-33
    6. Raineri I., Senn H.P., Scheidegger C., et al.: Detection of HIV-1 from needles discarded by I.V. drug users in Zürich and Basel using polymerase chain reaction: assessment of in vitro infectivity (abstract), 1989
    7. Richtlinien betreffend HIV-Expositionen im Medizinalbereich. Sonderdruck BAG-Bulletin 1994; Nr. 37: 617-630
    8. Gerberding J.L.: Management of occupational exposures to blood-borne viruses. N-Engl-J-Med. 1995; 332(7):444-51
    9. Centers for Disease Control: Case-control study of HIV seroconversion in health-care workers after percutaneous exposure to HIV-infected-blood, France, United Kingdom, and United States, January 1988 - August 1994. MMWR 1995; 44: 929-33
    10. HIV-Infektion nach Nadelstich: Risikoreduktion durch Zidovudin. BAG-Bulletin 1996; Nr. 6
    11. Connor E.M., Sperling R.S., Gelber R., et al. Reduction of maternal-infant transmission of human immunodeficiency virus type 1 with zidovudine treatment. N-Engl-J-Med 1994; 331: 1173-80
    12. Kinloch-de Loes S., Hirschel B.J., Hoen B., et al. A controlled trial of zidovudine in primary human immunodeficiency virus infection. N-Engl-J-Med 1995; 333: 408-13
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    Tableau 1: Facteurs de risque pour une séroconversion après une exposition percutanée

    Facteurs de risque

    Risques relatifs

    95% CI

    Blessures profondes

    16.1

    6.1 - 44.6

    Sang visible sur l'objet cause de blessure

    5.2

    1.8 - 17.7

    Aiguilles introduites dans un vaisseau sanguin (veineux ou artériel)

    5.1

    1.9 - 14.8

    Stade terminal de l'infection chez le patient source
    (décès dans les 2 mois)

    6.4

    2.2 - 18.9

    Prophylaxie AZT

    0.2

    0.1 - 0.6

    retour